Je suis un mercenaire.
Quand j’étais petit je pensais que le métier d’informaticien était le plus beau métier du monde : On reste assit à réfléchir à des problèmes passionnants, et on est payé pour résoudre ces problèmes.
Le rêve de gosse se heurte bien sûr toujours à la réalité, mais qu’arrive-t-il lorsque l’on se rend compte que l’on est en train d’ébranler ses illusions ? J’ai l’impression de devenir un mercenaire, j’apprends à mieux coder, plus vite, plus efficacement, j’apprends à résoudre des problèmes de plus en plus complexes, et là il se crée comme un vide. C’est un sentiment qui m’arrive de régulièrement, un trop plein. Un trop plein de tout ce que j’ai appris et qui finalement en devient trop banal, il n’y a plus de plaisir à apprendre, je deviens un simple exécuteur des idées des autres. Je traduis les volontés des autres en réalité, je suis devenu un mercenaire. Un automate au service des gens qui m’emploient, exécutant de la production de code comme certains abattent des arbres, je ne suis plus maître de mes créations, j’ai perdu le côté artistique et le plaisir de réaliser un code qui se rapproche du meilleur code possible pour le problème. Plus vite, mieux, moins cher, en tant que mercenaire du code il faut être efficace, on n’a pas le temps de penser à tout, alors il y a des bugs mais ce n’est pas grave, je suis aussi payé pour les corriger, et pour en introduire d’autres. Comme une course effrénée à l’ajout de code plutôt qu’à son raffinement et à sa perfection.
Il y a vraiment des jours où je me demande si je pourrais être un informaticien toute ma vie.