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My Life

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mercredi 25 mai 2011

Je suis un pervers

J’ai récemment reçu d’une personne, que je n’estime heureusement pas, ce compliment. Je serais donc un pervers, mais à quoi cela fait-t-il référence ?

Si l’on s’en tient à la définition de Wikipedia, une personne perverse est une personne enclin au mal, naturellement mauvaise. La plupart des gens que je connais et qui me connaissent savent que cette définition ne cadre pas vraiment avec ma personnalité, au point qu’elle puisse en devenir un antonyme.

Mais alors, pourquoi m’assigner ce qualificatif péjoratif ? Aurais-je fait une chose de mal ? De pervers ? Aurais-je nuit à quelqu’un ?

Nenni. En effet, en tant que nom, le mot pervers fait également référence, dans son troisième sens, à un individu dont les pratiques sexuelles s’écartent de la normalité. Nous y voilà.

Je suis un homme qui a des pratiques sexuelles déviantes, anormales, hors norme. Le sexe a toujours eu une dimension de tabou. La moindre chose, le moindre comportement différent menant au rejet ou au fantasme. Rappelons nous que les maris infidèles étaient considéré comme pervers il y a à peine une cinquantaine d’années, aujourd’hui c’est devenu monnaie courante.

Je suis donc un pervers car j’ai des pratiques ignobles, dégueulasses, affreuses, et puis aussi dépravées, animales, sodomites… Non mais franchement qu’es ce qu’ils en savent ? Ma sexualité n’est sensé regarder que moi, à partir du moment où elle concerne deux individus adultes et consentants. Alors on en revient au fantasme, dans le mauvais sens du terme : les gens imaginent, pensent que ça se fait comme ça, aidés par l’inconscient collectif, et forcément ils imaginent mal.

En quoi le fait que je sois un homme qui apprécie le lien charnel avec des hommes qui aiment les hommes pose problème aux hommes qui aiment les femmes qui aiment les hommes ?

En quoi je les dérange ? Ils pensent à moi quand ils ont des relations avec les femmes ? Ou alors c’est de la jalousie ? Mais de la jalousie ça voudrait dire qu’ils auraient envie d’essayer, alors pourquoi rejeter ce qui représente au final son propre fantasme ? Ça doit être Freudien.

Non, je ne comprends pas qu’on puisse ainsi définir deux personnes qui s’aiment de déviants, de gens qui ont des comportements animaux, pervers, dégoûtants, c’est un raccourcis très grossier entre amour et sexe, ces gens là ne méritent même pas qu’on leur explique qu’ils ont tort. Arrêtez d’imaginer, de toute façon la réalité ne correspond pas, et ne correspondra jamais à la représentation que vous faites de nos relations.

Que répondre à ces personnes ? À mon sens, il faut utiliser tout le respect qui leur est dû, ces personnes étant visiblement des humanistes, se préoccupant fortement de comprendre l’alchimie complexe des relations humaines. Ce sont en effet des érudits, il convient de leur parler comme tels. Moi je propose la phrase suivante, à essayer à l’occasion :

 

Je suis gay, et je vous emmerde.

dimanche 17 octobre 2010

Road Thoughts

 

La route. Moi. La nuit. Il ne fait pas vraiment nuit en fait, il n'est que 19h, mais en cette saison il fait déjà noir. Je m'engage sur l'autoroute avec prudence, les gens roulent toujours plus vite la nuit. En plus il pleut, c'est une véritable tempête. J'exagère sans doute, ça c'est la contagion de mes années d'étude à Marseille, mais on va dire que ça flaque bien. Ha zut il faut que je passe mon rétro en mode nuit. Bon voilà c'est fait, j'ai pas oublié mes phares quand même ? Non c'est bon. Ha putain maintenant c'est la buée qui s'y met, bon, droite droite droite, toutes les molettes à droites et soufflez jeunesse.

J'aime bien conduire la nuit, quand je suis en forme, on se retrouve face à soi même, au milieu de lumières qui filent de manière insolentes et dangereuses. Le froid me calme, j'ai toujours eu tendance à être tendu en voiture, mais le froid et la nuit me font du bien, il faut juste pas que je m'endorme. Ça m'est déjà arrivé.

J'ai les doigts qui s'engourdissent avec le froid, cette fois on passe en milieu, droite, droite pour les molettes. Je me met à tousser en respirant l'air chaud et poussiéreux qui sort maintenant des aérations de la voiture. Ce con de garagiste m'a dit avoir changé le filtre, ben avec l'ancien je toussais pas, remettez moi l'ancien. Faudra que je lui demande pour voir.

Et j'avale les kilomètres. Je me demande aussi comment je vais rentrer la semaine prochaine, si la grève se poursuit, je ne pourrais pas retourner au travail après les vacances, faute de pouvoir faire le plein.

Putain les gens sont fous. Ils roulent à 130 sous une pluie battante, de nuit, alors qu'on y voit que dalle. Et ils soulèvent par la même occasion des vagues qui viennent s'écraser sur mon pare brise lorsqu'ils me doublent. Pourtant je ne roule pas à 90, je roule même à 110. Ce qui me fait doubler ceux qui roulent à 90, de manière plus ou moins dangereuse puisque je les vois assez tard. L'obscurité et la pluie font perdre les notions de distance, il ne faut se fier qu'au marquage au sol pour connaître la distance avec les autres véhicules. Les gens qui me doublent se rabattent juste devant moi. Tout va bien, la sécurité routière a encore de beaux jours devant elle.

Merde, j'aurais pas loupé l'entrée d'autoroute ? Pfff je suis stupide, j'y suis déjà. Bon, ça, ça veut dire que je fatigue. Je baisse le chauffage qui m'endors, et je me concentre sur ma conduite. Ha, le tunnel, je vais bientôt sortir, dans une dizaine de kilomètres.

Ça va, il n'y a pas trop de monde aux caisses, même c'est étonnamment vide, il faut croire que les gens ne prennent pas l'autoroute quand il pleut. Ha mais non, je suis con, c'est 20h, tout le monde est chez soi à 20h.

Bon, j'espère qe je vais pas louper ma sortie après la voie rapide qui suit l'autoroute, même si je connais la route, j'ai toujours peur de me tromper.

C'est toujours le bordel à Plan de Campagne, tout va bien. Saint Antoine, Les Aygalades, Les Arnavaux, La Rose, ça y est.

La pluie se calme. Bonsoir Marseille, je suis de retour.

dimanche 5 septembre 2010

Survivre en résidence universitaire

Comme j'amorce tout doucement ma rentrée moi aussi, et qu'il y a des choses que j'oublie toujours systématiquement après une longue période sans les joies du CROUS, voici un petit manuel, en forme de mémorandum personnel, pour apprendre à survivre en résidence universitaire.

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lundi 16 août 2010

Pour une histoire de différence

Depuis que mon point de vue sur moi même a changé, je me suis toujours interrogé sur la nécessité, le besoin, ou même l’utilité du coming out pour les homosexuels. Après tout, ce qui relève de la sphère du privé ne regarde que moi, il n’y a pas de nécessité d’avoir une attitude revendicative vis à vis de ma sexualité.

C’était un moyen comme un autre de faire l’autruche, cette attitude a plusieurs côtés pervers, entre autre la non reconnaissance en tant que personne « différente », ce qui provoque finalement une fermeture aux autres sur certains sujets, et c’est le meilleurs moyen pour se morfondre tout seul lorsque le besoin de parler s’en fait sentir.

Le coming out, littéralement, « la sortie », « avouer » en quelque sorte des sentiments qui rongent depuis longtemps, comme si parler aux autres permet de mieux se recentrer sur soi même, une dynamique autocentrée de l’expression du moi à travers un public, similaire à une séance de psychanalyse, ou à un sketch devant une salle comble. Parce que au final c’est plus que « voilà, en fait, j’aime la bite », c’est une reconnaissance de soi même au travers des autres, qui provoque finalement un changement de regard, en bien ou en mal, du public vis à vis de la personne qui s’exprime.

En bien, car ces derniers auront peut être plus de tolérance vis à vis des personnes exprimant elles aussi leurs préférences amoureuses, que leur regard sur certaines questions, pourtant cruciales mais bien souvent écartées, telles que le mariage ou l’adoption pourrait se montrer amélioré, étant directement concerné par le syndrome du « mais si tu es gay, je n’aurais pas de petits enfants ». Pour soi même également cela peut avoir un impact bénéfique : ne plus agir en se cachant, ne plus être obligé de faire semblant, finalement, être soi même.

En mal, car il arrive que cela finisse par éluder les questions, le regard change, les interlocuteurs s’autocensurent, ils n’osent pas exprimer ce qu’ils ne comprennent pas, ils ne savent plus comment réagir vis à vis de certaines plaisanteries, ou de certaines remarques, attitudes, qui leur semblaient tout à fait normales, ils cherchent finalement ce qui est différent des autres, ils éprouvent le besoin de coller une étiquette sur vos gestes, comme pour se rassurer sur le fait que « ha lui il fait ça, mais c’est parce que … enfin … une théière quoi ». Ils peuvent vous imaginer coucher avec d’autres personnes, bien que cela n’ai jamais tué personne, le fait que cela soit vis à vis d’un comportement qu’ils ne comprennent pas, face à une sexualité inconnue, ils sombrent souvent dans les clichés les plus noirs (« celui qui fait la femme »), et tentent une nouvelle fois de vous mettre une étiquette passif/actif/sodomite. On n’est pas à l’abri non plus d’agressions verbales ou physiques ayant pour motif son orientation sexuelle.

Mais tout ceci n’a finalement pas d’importance, l’important c’est ce qui est important pour soi. Finalement, le coming out, loi d’être une révélation ou un soulagement des proches, est surtout une étape dans la reconnaissance de soi, l’affirmation de sa personnalité, et la revendication de ce que l’on est, c’est quelque chose de profondément égoïste, une étape nécessaire comme peuvent l’être les moments les plus importants de la vie comme la première petite amie, la première voiture, ou encore le baccalauréat.

Mais, mais, ça ne répond pas à la question : pourquoi nécessaire ? Pourquoi indispensable ? Pourquoi utile ?

Commençons dans l’ordre : pourquoi nécessaire ? Nécessaire car hors norme. Oui, l’homosexualité n’est pas considéré comme une norme, c’est même parfois considéré comme un comportement déviant, à partir de ce principe, on est tous considéré comme hétérosexuel « par défaut », et pour ma part, de l’avis d’un informaticien pratiquant l’administration système à ses heures perdues, le « par défaut », c’est le mal.

C’est comme si on avait tous finalement un bouton positionné sur « hétéro » à la naissance, et qu’il est nécessaire de positionner soi même en réglage manuel vers la bonne option. Un bouton, dans tout ce qu’il a de binaire, « hétéro — pas hétéro », alors que bien souvent, la chose est autrement plus complexe. Le coming out a pour vocation, non pas de placer le bouton dans une nouvelle position définitive, mais je pense de casser le bouton, supprimer l’étiquette associée, et démarrer sans contraintes une nouvelle manière de s’identifier à une communauté ou à une autre. Il y a une époque l’on aurait dit « Maman je suis communiste », de nos jours c’est « Maman je suis gay ».

Pourquoi indispensable ? S’assumer, voilà le maître mot, l’ultime but finalement atteint en général par le coming out. Indispensable car on ne peut pas vivre heureux en se mentant à soi même tous les jours, en supportant les sourires et les attitudes convenues, et en regardant d’autres profiter ce ce qu’ils sont en réprimant ses propres sentiments et ses propres envies. Indispensable donc pour pouvoir vivre tout simplement. Cette étape, souvent difficile, qui est commune à tous les homosexuels, transsexuels et autres est tellement cruciale, que les statistiques en reflètent la triste tragédie : la première cause de mortalité chez les jeunes homosexuels, c’est le suicide.

Pourquoi utile ? Je pense que si vous avez lut jusque là vous ne pouvez que vous en convaincre, un coming out est utile, même s’il amène souvent aussi des complications, il y a des jeunes qui se font chasser de chez eux, battre par ceux qui étaient pourtant considérés comme des amis, on n’est pas à l’abris de situations tragiques, mais la révélation de ces comportement de rejets est aussi une des utilités du coming out : rejeter ce qui vous fait du mal pour s’accepter en tant que tel et vivre heureux, tout simplement.

lundi 28 juin 2010

Penser à rentrer en vie...

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