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dimanche 5 juin 2011

Mariage, Famille, Patrie

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Pour ou contre le mariage homosexuel ? La question fait débat depuis longtemps dans notre pays, et si plusieurs pays européens comme l’Espagne ou la Suède ont finalement tranché la question dans le bon sens, il semblerait qu’il subsiste chez nous une très forte réticence par rapport à nos voisins européens. On a pu toucher du doigt cette réticence lors des débats pour la mise en place du PACS, qui ne s’est pas faite sans douleur.

En effet, dans notre pays, le mariage a une dimension sacrée. Peut être pas pour tout le monde, mais pour une part non négligeable de la population française, et cela a un effet sur l’inconscient collectif. En effet le mariage est bien plus qu’une simple institution civique, elle a une dimension structurelle dans la société, c’est sur le mariage que repose les bases de notre société de tradition judéo-chrétienne, c’est sur le mariage que se base le concept de famille, c’est par le mariage que s’effectue la transmission des biens à son compagnon, et c’est sur le mariage que s’est construit le cadre classique « papa - maman - bébé ».

Oui, en France le mariage est plus qu’une loi, c’est aussi une certaine vision de la société, un patron qui sert de base à la construction d’une nation. Pétain n’avait-t-il pas formidablement résumé cela avec son « Travail, Famille, Patrie » ?

On comprend alors quelle fougue peut animer les détracteurs du mariage gay, voire même de la simple union homosexuelle. Sous les arguments forts d’anormalité, de dépravation, de perversion ou encore de corruption de la famille française, l’élite hésite. Et c’est bien normal. Peut-on confier à une bande de sodomites l’avenir social et économique de notre pays ? Certes non.

Au delà des questions religieuses, un second argument avancé est la liaison ténue entre le mariage et le droit à l’enfant. Même si le concept de droit à l’enfant est vigoureusement critiqué par ces mêmes personnes qui défendent le mariage, il existe de fait un lien « automatique » entre le mariage et le droit à l’adoption. Las, en plus de s’unir et d’obtenir une légitimité en tant que couple, ces personnes aux comportements déviants obtiendraient en plus le droit de fonder une famille ? Grotesque et insensé répondent-ils.

Notre code civil date pourtant de Napoléon, qui n’était pas connu pour sa très grande dévotion, même s’il a réussi à devenir empereur en se faisant sacrer par le pape. Le code civil ne fait pas explicitement mention de cette interdiction d’unir les couples homosexuels, mais fait référence à de nombreuses reprises de « l’homme et la femme », comme les deux entités du mariage, retirant toute ambiguïté possible sur ce qui n’existait de toute façon même pas en tant que concept à l’époque.

Nous touchons le fond du problème : le mariage gay bouleverse l’équilibre de la représentation de la société française comme une société de valeurs, une société classique, chrétienne, familiale.

Oui mais non.

Combien d’enfants nés hors mariage en 2011 ? Combien de parents divorcés ? Combien de familles recomposées ? La famille française classique aurait-elle déjà perdu toutes ses valeurs ? En tout cas, c’est pas notre faute, nous on y avait pas doit au mariage donc c’est pas nous qui l’avons perverti.

La vision classique de l’union familiale est déjà dépassée à l’heure où des milliers d’enfants ont déjà deux foyers, deux papas et deux mamans, des demi frères et demie sœurs dans tous les coins. La famille c’est pas juste un homme et une femme, c’est un groupe de gens qui vivent ensemble, dans un esprit de solidarité fort, voire fusionnel. La famille ça ne se résume pas à « papa - maman - bébé ». Alors, pourquoi ne pas ouvrir la possibilité à deux personnes qui s’aiment naturellement, de la façon la plus noble qui soit, de fonder à leur tour une famille ? De construire quelque chose ensemble, de devenir les acteurs d’un enjeu qui les dépasse, de surmonter les mêmes difficultés que ceux qui sont « naturellement aptes » à former une famille ?

Les propos haineux que j’entends lorsque le sujet est abordé me sidèrent. Ces gens là n’ont rien compris, ou alors ils ne veulent pas comprendre. Ils voient l’homosexualité et les homosexuels comme des jeunes irresponsables, incapables de s’occuper d’autre chose que de leur cul, chopant toutes les maladies qui traînent, et se pavanant fier de leur différence libidineuse, affreuse et dégoûtante. Messieurs, Mesdames, vous n’avez rien compris. Ces personnes sont peut être homosexuelles, mais ne représentent pas notre communauté dans sa diversité. Il y a aussi des personnes comme moi qui sont au demeurant tout à fait normales. Si je ne vous disais pas que je suis homosexuel, vous ne pourriez pas le deviner. Je me plais à dire que je suis la version homosexuelle de l’hétéro, cela veut tout dire. Ces personnes comme moi, comme des milliers d’autres, comme celles qui sont présentes lors de la gay pride, comme celles qui militent pour la reconnaissance de leurs droits, comme celles que vous croisez tous les jours sans forcément savoir ce qu’elles font dans leur intimité, ces personnes ont les mêmes désirs et les mêmes aspirations que vous. Ce ne sont pas des personnes différentes, ce sont des personnes que l’on exclut. Vous en doutez ? Vous pensez que les homos s’excluent tout seuls en se réunissant dans des « bars gay » ? Vous êtes déjà rentré dans un bar gay ? Vous avez déjà essayé de draguer un mec dans un bar « hétéro » ? Vous comprenez pourquoi on a fini par construire des lieux où l’on ne serait pas obligé de supporter vos regards ? On est juste des gens qui s’aiment, et arrêtez d’imaginer, vous imaginez mal.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels, c’est leur refuser d’être heureux.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels c’est leur refuser de les reconnaître en tant que citoyens responsables, libres de s’unir comme les autres.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels c’est une atteinte à leurs droits de citoyens.

 

Refuser le doit au mariage aux couples homosexuels, c’est juste de la connerie.

mercredi 25 mai 2011

Je suis un pervers

J’ai récemment reçu d’une personne, que je n’estime heureusement pas, ce compliment. Je serais donc un pervers, mais à quoi cela fait-t-il référence ?

Si l’on s’en tient à la définition de Wikipedia, une personne perverse est une personne enclin au mal, naturellement mauvaise. La plupart des gens que je connais et qui me connaissent savent que cette définition ne cadre pas vraiment avec ma personnalité, au point qu’elle puisse en devenir un antonyme.

Mais alors, pourquoi m’assigner ce qualificatif péjoratif ? Aurais-je fait une chose de mal ? De pervers ? Aurais-je nuit à quelqu’un ?

Nenni. En effet, en tant que nom, le mot pervers fait également référence, dans son troisième sens, à un individu dont les pratiques sexuelles s’écartent de la normalité. Nous y voilà.

Je suis un homme qui a des pratiques sexuelles déviantes, anormales, hors norme. Le sexe a toujours eu une dimension de tabou. La moindre chose, le moindre comportement différent menant au rejet ou au fantasme. Rappelons nous que les maris infidèles étaient considéré comme pervers il y a à peine une cinquantaine d’années, aujourd’hui c’est devenu monnaie courante.

Je suis donc un pervers car j’ai des pratiques ignobles, dégueulasses, affreuses, et puis aussi dépravées, animales, sodomites… Non mais franchement qu’es ce qu’ils en savent ? Ma sexualité n’est sensé regarder que moi, à partir du moment où elle concerne deux individus adultes et consentants. Alors on en revient au fantasme, dans le mauvais sens du terme : les gens imaginent, pensent que ça se fait comme ça, aidés par l’inconscient collectif, et forcément ils imaginent mal.

En quoi le fait que je sois un homme qui apprécie le lien charnel avec des hommes qui aiment les hommes pose problème aux hommes qui aiment les femmes qui aiment les hommes ?

En quoi je les dérange ? Ils pensent à moi quand ils ont des relations avec les femmes ? Ou alors c’est de la jalousie ? Mais de la jalousie ça voudrait dire qu’ils auraient envie d’essayer, alors pourquoi rejeter ce qui représente au final son propre fantasme ? Ça doit être Freudien.

Non, je ne comprends pas qu’on puisse ainsi définir deux personnes qui s’aiment de déviants, de gens qui ont des comportements animaux, pervers, dégoûtants, c’est un raccourcis très grossier entre amour et sexe, ces gens là ne méritent même pas qu’on leur explique qu’ils ont tort. Arrêtez d’imaginer, de toute façon la réalité ne correspond pas, et ne correspondra jamais à la représentation que vous faites de nos relations.

Que répondre à ces personnes ? À mon sens, il faut utiliser tout le respect qui leur est dû, ces personnes étant visiblement des humanistes, se préoccupant fortement de comprendre l’alchimie complexe des relations humaines. Ce sont en effet des érudits, il convient de leur parler comme tels. Moi je propose la phrase suivante, à essayer à l’occasion :

 

Je suis gay, et je vous emmerde.

lundi 16 août 2010

Pour une histoire de différence

Depuis que mon point de vue sur moi même a changé, je me suis toujours interrogé sur la nécessité, le besoin, ou même l’utilité du coming out pour les homosexuels. Après tout, ce qui relève de la sphère du privé ne regarde que moi, il n’y a pas de nécessité d’avoir une attitude revendicative vis à vis de ma sexualité.

C’était un moyen comme un autre de faire l’autruche, cette attitude a plusieurs côtés pervers, entre autre la non reconnaissance en tant que personne « différente », ce qui provoque finalement une fermeture aux autres sur certains sujets, et c’est le meilleurs moyen pour se morfondre tout seul lorsque le besoin de parler s’en fait sentir.

Le coming out, littéralement, « la sortie », « avouer » en quelque sorte des sentiments qui rongent depuis longtemps, comme si parler aux autres permet de mieux se recentrer sur soi même, une dynamique autocentrée de l’expression du moi à travers un public, similaire à une séance de psychanalyse, ou à un sketch devant une salle comble. Parce que au final c’est plus que « voilà, en fait, j’aime la bite », c’est une reconnaissance de soi même au travers des autres, qui provoque finalement un changement de regard, en bien ou en mal, du public vis à vis de la personne qui s’exprime.

En bien, car ces derniers auront peut être plus de tolérance vis à vis des personnes exprimant elles aussi leurs préférences amoureuses, que leur regard sur certaines questions, pourtant cruciales mais bien souvent écartées, telles que le mariage ou l’adoption pourrait se montrer amélioré, étant directement concerné par le syndrome du « mais si tu es gay, je n’aurais pas de petits enfants ». Pour soi même également cela peut avoir un impact bénéfique : ne plus agir en se cachant, ne plus être obligé de faire semblant, finalement, être soi même.

En mal, car il arrive que cela finisse par éluder les questions, le regard change, les interlocuteurs s’autocensurent, ils n’osent pas exprimer ce qu’ils ne comprennent pas, ils ne savent plus comment réagir vis à vis de certaines plaisanteries, ou de certaines remarques, attitudes, qui leur semblaient tout à fait normales, ils cherchent finalement ce qui est différent des autres, ils éprouvent le besoin de coller une étiquette sur vos gestes, comme pour se rassurer sur le fait que « ha lui il fait ça, mais c’est parce que … enfin … une théière quoi ». Ils peuvent vous imaginer coucher avec d’autres personnes, bien que cela n’ai jamais tué personne, le fait que cela soit vis à vis d’un comportement qu’ils ne comprennent pas, face à une sexualité inconnue, ils sombrent souvent dans les clichés les plus noirs (« celui qui fait la femme »), et tentent une nouvelle fois de vous mettre une étiquette passif/actif/sodomite. On n’est pas à l’abri non plus d’agressions verbales ou physiques ayant pour motif son orientation sexuelle.

Mais tout ceci n’a finalement pas d’importance, l’important c’est ce qui est important pour soi. Finalement, le coming out, loi d’être une révélation ou un soulagement des proches, est surtout une étape dans la reconnaissance de soi, l’affirmation de sa personnalité, et la revendication de ce que l’on est, c’est quelque chose de profondément égoïste, une étape nécessaire comme peuvent l’être les moments les plus importants de la vie comme la première petite amie, la première voiture, ou encore le baccalauréat.

Mais, mais, ça ne répond pas à la question : pourquoi nécessaire ? Pourquoi indispensable ? Pourquoi utile ?

Commençons dans l’ordre : pourquoi nécessaire ? Nécessaire car hors norme. Oui, l’homosexualité n’est pas considéré comme une norme, c’est même parfois considéré comme un comportement déviant, à partir de ce principe, on est tous considéré comme hétérosexuel « par défaut », et pour ma part, de l’avis d’un informaticien pratiquant l’administration système à ses heures perdues, le « par défaut », c’est le mal.

C’est comme si on avait tous finalement un bouton positionné sur « hétéro » à la naissance, et qu’il est nécessaire de positionner soi même en réglage manuel vers la bonne option. Un bouton, dans tout ce qu’il a de binaire, « hétéro — pas hétéro », alors que bien souvent, la chose est autrement plus complexe. Le coming out a pour vocation, non pas de placer le bouton dans une nouvelle position définitive, mais je pense de casser le bouton, supprimer l’étiquette associée, et démarrer sans contraintes une nouvelle manière de s’identifier à une communauté ou à une autre. Il y a une époque l’on aurait dit « Maman je suis communiste », de nos jours c’est « Maman je suis gay ».

Pourquoi indispensable ? S’assumer, voilà le maître mot, l’ultime but finalement atteint en général par le coming out. Indispensable car on ne peut pas vivre heureux en se mentant à soi même tous les jours, en supportant les sourires et les attitudes convenues, et en regardant d’autres profiter ce ce qu’ils sont en réprimant ses propres sentiments et ses propres envies. Indispensable donc pour pouvoir vivre tout simplement. Cette étape, souvent difficile, qui est commune à tous les homosexuels, transsexuels et autres est tellement cruciale, que les statistiques en reflètent la triste tragédie : la première cause de mortalité chez les jeunes homosexuels, c’est le suicide.

Pourquoi utile ? Je pense que si vous avez lut jusque là vous ne pouvez que vous en convaincre, un coming out est utile, même s’il amène souvent aussi des complications, il y a des jeunes qui se font chasser de chez eux, battre par ceux qui étaient pourtant considérés comme des amis, on n’est pas à l’abris de situations tragiques, mais la révélation de ces comportement de rejets est aussi une des utilités du coming out : rejeter ce qui vous fait du mal pour s’accepter en tant que tel et vivre heureux, tout simplement.

lundi 28 juin 2010

14 Choses à savoir à propos de l'homosexualité

Cet article est ancien.
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Beaucoup de choses sont dites à propos de l'homosexualité ; parfois à tort, parfois à raison. Cet article tente de faire un petit bilan de ces « on dit » et éventuellement de les corriger.

Ce billet présente mon opinion, il n'a pas pour vocation de présenter un débat contradictoire, simplement d'exposer mon opinion sur un sujet qui me touche et sur lequel j'avais envie depuis longtemps de faire un article.

NB : ce n'est pas un remake des 10 commandements, vous avez le droit d'avoir des points de désaccord constructif sans pour autant que ça remette en cause toute la crédibilité du texte de départ. Vous trouverez en bas de l'article notes et [[références nécessaires]] ;) .

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mardi 13 avril 2010

Amazon's Hope

Finalement, le genre humain n'est pas si mauvais, regardez ce qui arrive quand on parcours les tags Amazon "stupid", ou encore "keep america stupid" ou encore "burn this book" :

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