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Pour ou contre le mariage homosexuel ? La question fait débat depuis longtemps dans notre pays, et si plusieurs pays européens comme l’Espagne ou la Suède ont finalement tranché la question dans le bon sens, il semblerait qu’il subsiste chez nous une très forte réticence par rapport à nos voisins européens. On a pu toucher du doigt cette réticence lors des débats pour la mise en place du PACS, qui ne s’est pas faite sans douleur.

En effet, dans notre pays, le mariage a une dimension sacrée. Peut être pas pour tout le monde, mais pour une part non négligeable de la population française, et cela a un effet sur l’inconscient collectif. En effet le mariage est bien plus qu’une simple institution civique, elle a une dimension structurelle dans la société, c’est sur le mariage que repose les bases de notre société de tradition judéo-chrétienne, c’est sur le mariage que se base le concept de famille, c’est par le mariage que s’effectue la transmission des biens à son compagnon, et c’est sur le mariage que s’est construit le cadre classique « papa - maman - bébé ».

Oui, en France le mariage est plus qu’une loi, c’est aussi une certaine vision de la société, un patron qui sert de base à la construction d’une nation. Pétain n’avait-t-il pas formidablement résumé cela avec son « Travail, Famille, Patrie » ?

On comprend alors quelle fougue peut animer les détracteurs du mariage gay, voire même de la simple union homosexuelle. Sous les arguments forts d’anormalité, de dépravation, de perversion ou encore de corruption de la famille française, l’élite hésite. Et c’est bien normal. Peut-on confier à une bande de sodomites l’avenir social et économique de notre pays ? Certes non.

Au delà des questions religieuses, un second argument avancé est la liaison ténue entre le mariage et le droit à l’enfant. Même si le concept de droit à l’enfant est vigoureusement critiqué par ces mêmes personnes qui défendent le mariage, il existe de fait un lien « automatique » entre le mariage et le droit à l’adoption. Las, en plus de s’unir et d’obtenir une légitimité en tant que couple, ces personnes aux comportements déviants obtiendraient en plus le droit de fonder une famille ? Grotesque et insensé répondent-ils.

Notre code civil date pourtant de Napoléon, qui n’était pas connu pour sa très grande dévotion, même s’il a réussi à devenir empereur en se faisant sacrer par le pape. Le code civil ne fait pas explicitement mention de cette interdiction d’unir les couples homosexuels, mais fait référence à de nombreuses reprises de « l’homme et la femme », comme les deux entités du mariage, retirant toute ambiguïté possible sur ce qui n’existait de toute façon même pas en tant que concept à l’époque.

Nous touchons le fond du problème : le mariage gay bouleverse l’équilibre de la représentation de la société française comme une société de valeurs, une société classique, chrétienne, familiale.

Oui mais non.

Combien d’enfants nés hors mariage en 2011 ? Combien de parents divorcés ? Combien de familles recomposées ? La famille française classique aurait-elle déjà perdu toutes ses valeurs ? En tout cas, c’est pas notre faute, nous on y avait pas doit au mariage donc c’est pas nous qui l’avons perverti.

La vision classique de l’union familiale est déjà dépassée à l’heure où des milliers d’enfants ont déjà deux foyers, deux papas et deux mamans, des demi frères et demie sœurs dans tous les coins. La famille c’est pas juste un homme et une femme, c’est un groupe de gens qui vivent ensemble, dans un esprit de solidarité fort, voire fusionnel. La famille ça ne se résume pas à « papa - maman - bébé ». Alors, pourquoi ne pas ouvrir la possibilité à deux personnes qui s’aiment naturellement, de la façon la plus noble qui soit, de fonder à leur tour une famille ? De construire quelque chose ensemble, de devenir les acteurs d’un enjeu qui les dépasse, de surmonter les mêmes difficultés que ceux qui sont « naturellement aptes » à former une famille ?

Les propos haineux que j’entends lorsque le sujet est abordé me sidèrent. Ces gens là n’ont rien compris, ou alors ils ne veulent pas comprendre. Ils voient l’homosexualité et les homosexuels comme des jeunes irresponsables, incapables de s’occuper d’autre chose que de leur cul, chopant toutes les maladies qui traînent, et se pavanant fier de leur différence libidineuse, affreuse et dégoûtante. Messieurs, Mesdames, vous n’avez rien compris. Ces personnes sont peut être homosexuelles, mais ne représentent pas notre communauté dans sa diversité. Il y a aussi des personnes comme moi qui sont au demeurant tout à fait normales. Si je ne vous disais pas que je suis homosexuel, vous ne pourriez pas le deviner. Je me plais à dire que je suis la version homosexuelle de l’hétéro, cela veut tout dire. Ces personnes comme moi, comme des milliers d’autres, comme celles qui sont présentes lors de la gay pride, comme celles qui militent pour la reconnaissance de leurs droits, comme celles que vous croisez tous les jours sans forcément savoir ce qu’elles font dans leur intimité, ces personnes ont les mêmes désirs et les mêmes aspirations que vous. Ce ne sont pas des personnes différentes, ce sont des personnes que l’on exclut. Vous en doutez ? Vous pensez que les homos s’excluent tout seuls en se réunissant dans des « bars gay » ? Vous êtes déjà rentré dans un bar gay ? Vous avez déjà essayé de draguer un mec dans un bar « hétéro » ? Vous comprenez pourquoi on a fini par construire des lieux où l’on ne serait pas obligé de supporter vos regards ? On est juste des gens qui s’aiment, et arrêtez d’imaginer, vous imaginez mal.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels, c’est leur refuser d’être heureux.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels c’est leur refuser de les reconnaître en tant que citoyens responsables, libres de s’unir comme les autres.

Refuser le droit au mariage aux couples homosexuels c’est une atteinte à leurs droits de citoyens.

 

Refuser le doit au mariage aux couples homosexuels, c’est juste de la connerie.