J’ai récemment reçu d’une personne, que je n’estime heureusement pas, ce compliment. Je serais donc un pervers, mais à quoi cela fait-t-il référence ?

Si l’on s’en tient à la définition de Wikipedia, une personne perverse est une personne enclin au mal, naturellement mauvaise. La plupart des gens que je connais et qui me connaissent savent que cette définition ne cadre pas vraiment avec ma personnalité, au point qu’elle puisse en devenir un antonyme.

Mais alors, pourquoi m’assigner ce qualificatif péjoratif ? Aurais-je fait une chose de mal ? De pervers ? Aurais-je nuit à quelqu’un ?

Nenni. En effet, en tant que nom, le mot pervers fait également référence, dans son troisième sens, à un individu dont les pratiques sexuelles s’écartent de la normalité. Nous y voilà.

Je suis un homme qui a des pratiques sexuelles déviantes, anormales, hors norme. Le sexe a toujours eu une dimension de tabou. La moindre chose, le moindre comportement différent menant au rejet ou au fantasme. Rappelons nous que les maris infidèles étaient considéré comme pervers il y a à peine une cinquantaine d’années, aujourd’hui c’est devenu monnaie courante.

Je suis donc un pervers car j’ai des pratiques ignobles, dégueulasses, affreuses, et puis aussi dépravées, animales, sodomites… Non mais franchement qu’es ce qu’ils en savent ? Ma sexualité n’est sensé regarder que moi, à partir du moment où elle concerne deux individus adultes et consentants. Alors on en revient au fantasme, dans le mauvais sens du terme : les gens imaginent, pensent que ça se fait comme ça, aidés par l’inconscient collectif, et forcément ils imaginent mal.

En quoi le fait que je sois un homme qui apprécie le lien charnel avec des hommes qui aiment les hommes pose problème aux hommes qui aiment les femmes qui aiment les hommes ?

En quoi je les dérange ? Ils pensent à moi quand ils ont des relations avec les femmes ? Ou alors c’est de la jalousie ? Mais de la jalousie ça voudrait dire qu’ils auraient envie d’essayer, alors pourquoi rejeter ce qui représente au final son propre fantasme ? Ça doit être Freudien.

Non, je ne comprends pas qu’on puisse ainsi définir deux personnes qui s’aiment de déviants, de gens qui ont des comportements animaux, pervers, dégoûtants, c’est un raccourcis très grossier entre amour et sexe, ces gens là ne méritent même pas qu’on leur explique qu’ils ont tort. Arrêtez d’imaginer, de toute façon la réalité ne correspond pas, et ne correspondra jamais à la représentation que vous faites de nos relations.

Que répondre à ces personnes ? À mon sens, il faut utiliser tout le respect qui leur est dû, ces personnes étant visiblement des humanistes, se préoccupant fortement de comprendre l’alchimie complexe des relations humaines. Ce sont en effet des érudits, il convient de leur parler comme tels. Moi je propose la phrase suivante, à essayer à l’occasion :

 

Je suis gay, et je vous emmerde.