Ces derniers jours, la nouvelle à semblé faire l’effet d’une bombe : les homosexuels vont pouvoir donner leur sang et leur plasma sous certaines conditions. Si vous suivez attentivement ce blog, vous n’êtes pas sans savoir que je suis concerné par cette nouvelle possibilité offerte aux citoyens. 

Pour rappel : à partir de janvier 2016, le don du sang sera ouvert aux hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes, à partir du moment où le dernier rapport sexuel date de plus de 12 mois (un an). La ministre de la santé souhaite qu’en 2017 cette condition soit levée pour permettre le don à toutes les personnes respectant les critères permettant le don, sans condition de préférences sexuelles. 

Quelle est la situation actuellement ? 

La question de l’homosexualité lors du don concerne uniquement les hommes. Les hommes ayant eu des relations sexuelles entre hommes sont à l’heure actuelle exclus de manière permanente du don du sang.

La question est cachée dans la dernière partie du formulaire, dans les “point à aborder avec le medecin”. On pourrait donc penser qu’il s’agit juste d’une information permettant d’évaluer au médecin un risque cumulé, mais en pratique une réponse par l’affirmative à la question entraîne une interdiction définitive de don.

Pas hypocrite, juste inadaptée

Contrairement aux associations LGBT qui se sont exprimées sur ce point, je ne pense pas qu’il s’agisse d’hypocrisie de la part du gouvernement, mais je ne pense pas non plus que la mesure soit réellement une ouverture du don aux homosexuels.

Cette mesure est plutôt taillée pour les bisexuels : auparavant, les bisexuels tombaient dans la catégorie des “hommes ayant eu des relations sexuelles entre hommes”, et sous le coup d’une interdiction définitive de don. Avec cette nouvelle mesure, les hommes bisexuels n’ayant pas eu de rapport sexuel avec un homme durant les 12 derniers mois seront autorisés à donner leur sang.

En pratique, inapplicable

Pas d’espoir donc pour une ouverture du don du sang aux homosexuels pour l’instant : demander une abstinence totale de 12 mois aux personnes exclusivement homosexuelles est tout simplement risible.

Imaginez-vous être en couple avec une femme et devoir lui refuser tout rapport pendant un an ? Imaginez-vous être célibataire et devoir hypothéquer votre vie sentimentale pour pouvoir donner votre sang ?

Je ne comprends pas pourquoi une relation stable et monogramme est un pré-requis suffisant pour les hétérosexuels, mais pas pour les homosexuels. Faut-il en conclure que ce genre de relation n’existe pas ou qu’elle est trop marginale pour valoir le risque ?

Pas d’études fiables

Peut être que les études nous indiquent réellement une prévalence du VIH plus élevée chez les homosexuels ? Peut-être que la multiplication des partenaires chez les homosexuels est une réalité sociologique inréfutable qui justifierai une telle interdiction aveugle ?

Pour commencer, arrêtez de faire vos études sérologiques dans les bars gays et les backrooms du marais à Paris. Non, tous les homos n’habitent pas à Paris. Non, ils ne fréquentent pas tous les lieux de drague. Non ils ne sont pas toujours des polyamoureux compulsifs. Et non, les gens qui fréquentent les backrooms ne sont pas des donneurs potentiels : quand on sait qu’on a une pratique à risque, on ne prend pas le risque de donner son sang, le questionnaire est déjà étudié pour identifier ces comportements (changement de partenaire, multiplication des rencontres, relations tarifées, prise de drogues récréatives, etc).

Homo = VIH / hépatite ?

D’une part, c’est vrai que les homosexuels représentent une grande partie des malades actuels atteints par le VIH.

Mais d’un autre côté, se sachant population à risque, les homos ont maintenant plus tendance à se protéger, se font dépister plus souvent, et au final ont un taux de nouvelles contaminations bien inférieur à celui des hétérosexuels. Sur une population prise au hasard, il y a donc beaucoup moins de chance d’avoir un homo qu’un hétéro dans la fenêtre sérologique où le VIH est présent mais indétectable !

Pourquoi y a-t-il beaucoup d’homos parmi les malades ? Parce que justement, les malades ne meurent plus. Il y a actuellement des personnes séropositives qui vivent une existence “presque” normale, et qui pèsent donc dans les statistiques, sans pour autant être donneurs potentiels. La seule vraie statistique à prendre en compte, c’est donc le nombre de nouvelles contaminations par an, car ces personnes là sont des donneurs potentiels.

Des craintes infondées

Vous pensez que les homos vont se jeter sur le don du sang pour avoir un dépistage gratuit ?

Pousser la porte d’un CDAG pour obtenir un dépistage est beaucoup plus simple, rapide, et anonyme qu’un don de sang. La question est posée aux donneurs dans le formulaire : “pensez-vous avoir besoin d’un test de dépistage”, et les documents d’information pré-don mentionnent explicitement que le don ne sert pas à avoir un dépistage “gratuit”, au risque de mettre en danger le receveur.

Une justification qui n’a pas de sens

La ministre de la santé voudrait nous faire croire que c’est justement cette période de test d’un an qui va permettre de vérifier que ces “nouveaux” donneurs ont une prévalence identique à celle des hétérosexuels. Mais les homosexuels vont ils vraiment emboîter le pas ? Attendront ils 12 mois ?  Quelle est la chance pour laquelle un homosexuel abstinent se manifeste d’un coup pour don et son sang ? Et ceux qui se sont fait exclure jadis, reviendront ils donner avec enthousiasme ?

Quid des homos qui sont déjà donneurs et qui mentent actuellement au questionnaire ? Doivent ils se “outer” à leur prochain don ? Ou alors changer de mensonge et mentir sur leur abstinence ?

Comme toujours, nous allons donc attendre jusqu’en 2017, et voir si les promesses sont tenues.

Pendant ce temps, en Suède, au Portugal, ou en Finlande, les homosexuels donnent leur sang, et les malades ne s’en portent pas plus mal.

Sources